Le (dés)ordre alimentaire et l’ordre du quartier

Cantines communautaires, quartiers et assistance alimentaire en Argentine

DOI : 10.56078/motifs.635

Résumé

Cet article se propose d’analyser l’aide alimentaire fournie dans les cantines communautaires (soupes populaires), en Argentine, en analysant la vie quotidienne et l’alimentation collective dans des situations de vulnérabilité sociale. Sous l’hypothèse de travail qui positionne ces espaces comme des tentatives de normalisation face au (dés)ordre alimentaire, les perceptions des responsables des cantines en tant que médiateurs de différents contextes et scénarios d’aide alimentaire sont analysées, en prenant principalement le cas d’un quartier étudié dans la ville de La Plata, rendant possible certaines généralisations sur l’intervention alimentaire à partir de cette étude de cas. De cette manière, l’axe analytique central est considéré comme l’espace du quartier, qui se constitue par rapport aux cantines comme un lieu support de la vie quotidienne et des liens politiques et sociaux qui établissent un « ordre » possible au sein du quartier défavorisé. Ces dimensions (voisinage, sociabilité et aide alimentaire) ont été intégrées dans les observations et les visites du quartier, établissant les zones d’influence et d’extension de chaque cantine. La dimension de la spatialité est ainsi récupérée comme la possibilité de consolider un ordre alimentaire de quartier déployé et représenté par les cantines et leurs gestionnaires.

Plan

Texte

En Argentine, le problème alimentaire des foyers pauvres occupe depuis bien longtemps une place centrale dans les politiques de l’État1. C’est aussi un problème dans les quartiers pauvres où l’aide alimentaire est organisée dans des cantines communautaires, jour après jour, sous la coordination de différentes organisations politiques, sociales, religieuses et étatiques qui fournissent un cadre territorial et politique impossible à ignorer.

Fig. 1. Zone pauvre de Villa Elisa
(localité située à 15 km du centre de La Plata et à 45 km de Buenos Aires) 

Fig. 1. Zone pauvre de Villa Elisa (localité située à 15 km du centre de La Plata et à 45 km de Buenos Aires) 

Fin 2020, 65 % des moins de 17 ans vivaient dans des foyers pauvres,
https://www.villaelisaaldia.com.ar/ampliada.php ?cual =informacion_general&id =6010

Face à cette réalité quotidienne, notre article pose la question suivante : qu’est-ce qui motive, dans toute l’Argentine, les habitants (eux-mêmes démunis) de différents quartiers à accueillir d’autres familles chez eux afin de leur offrir de la nourriture ? Cette question est liée à une recherche antérieure2, que j’ai développée ces dernières années, sur l’aide alimentaire publique, la politisation et la sociabilité de quartier et qui a pour épicentre la compréhension du fonctionnement des cantines solidaires de quartier et du travail quotidien de leurs gestionnaires.

En Argentine, le (dés)ordre alimentaire – qui implique le manque d’accès à la nourriture – a un arrière-plan étroitement lié à une normalité alimentaire attendue et prétendue pratiquement au cœur de l’identité nationale. La « normalité » serait, au sein d’une société qui produit et exporte des aliments dans le monde entier, le plein accès à la nourriture pour ses propres habitants. Cette situation d’(a)normalité, observée au quotidien, est un sujet de préoccupation de la politique de l’État depuis des années. En ce sens, les réponses aux pénuries alimentaires ont leur trajectoire formelle au sein des politiques sociales mais, comme nous l’avons dit auparavant, nous trouvons également dans ces espaces de pénurie des réponses informelles, apportées par la société civile elle-même, grâce aux cantines des quartiers populaires.

Fig. 2. Cantine populaire « Centro Recreativo y comedor Los Carreros », Calle 122 y 521, quartier de Tolosa, La Plata, Argentine

Fig. 2. Cantine populaire « Centro Recreativo y comedor Los Carreros », Calle 122 y 521, quartier de Tolosa, La Plata, Argentine

Préparation du repas. (Toutes les photos du centre « Los Carreros » proviennent de leur page Facebook :
https://www.facebook.com/CentroRecreativoLosCarreros/photos/a.901289799982907/1706504142794798/ ?type =3&theater )

Nous nous intéresserons ici à l’aide alimentaire fournie par les soupes populaires, supposant une commensalité collective et quotidienne qui, dans des situations de vulnérabilité, tentent de fournir une forme de normalité face au (dés)ordre alimentaire. Nous analyserons les perceptions des responsables des cantines communautaires en tant que médiateurs de différents contextes et scénarios d’aide alimentaire. Nous nous appuyons principalement sur une étude de cas d’un quartier de la ville de La Plata3, mais en nous permettant également certaines généralisations sur l’intervention alimentaire, à partir de cet exemple concret. Ainsi, nous considérons, comme axe central d’analyse, que l’espace du quartier se constitue par rapport aux cantines comme lieux de vie quotidienne favorisant les liens politiques et sociaux, établissant ce que nous appelons « l’ordre » possible au sein du quartier. Ces dimensions (voisinage, sociabilité et aide alimentaire) de l’espace du quartier ont été intégrées dans les observations et les visites du quartier, établissant les zones d’influence et d’extension de chaque cantine. La dimension de la spatialité est ainsi récupérée comme la possibilité de consolider un ordre alimentaire de quartier déployé et représenté par les cantines et leurs gestionnaires.

Fig. 3. Cantine « Los Carreros »

Fig. 3. Cantine « Los Carreros »

Distribution des repas.

L’ordre alimentaire de proximité et ses zonages

La normalité – quelle que soit sa forme – représente un mode nécessaire auquel les acteurs font appel afin de définir le monde dans lequel ils vivent et le cours de leurs propres actions et de celles des autres. Le sens commun occupe une place cruciale dans la constitution de cet ordre connu sous le nom de réalité du monde de la vie quotidienne, rendant possible l’expérience immédiate des événements et leur donnant le caractère d’évidence4.

Comprendre et appréhender cet ensemble de motivations de l’aide alimentaire informelle implique d’aborder l’analyse de l’ordre alimentaire de quartier par la compréhension de ses frontières, de ses limites d’action et d’intervention définies par les responsables des cantines de quartier, qui « dessinent » la carte territoriale de cette aide. Comment ces délimitations sont-elles respectées dans le travail de chacun d’entre eux, compte tenu de leurs zones d’influence respectives ? Autrement dit, avec qui (voisins, autres responsables, assistants et organisations) la cantine est-elle « faite » ? Le zonage des cantines, évoqué plus haut, façonne cette territorialité et définit le parcours de l’aide, les connexions avec les programmes d’assistance formelle et les liens avec les organisations politiques, étatiques ou non. Les zonages les plus établis dans les quartiers présentent des symétries et des asymétries avec l’étendue territoriale des référents dans leur action quotidienne. Du point de vue du scénario d’intervention alimentaire du quartier, les référents se mobilisent et se constituent comme des références spatiales quotidiennes. Ce sont les référents et leurs activités d’obtention et de préparation des aliments qui « spatialisent » le quartier selon les catégories et les divisions établies par eux. Lors de l’un de ses parcours habituels, l’un des référents a expliqué comment, dans les deux pâtés de maisons qui suivent sa cantine, se sont noués la plupart de ses contacts, qui ont répondu directement à ses initiatives et aussi à la mise en place de revendications, de mobilisations et d’événements organisés par la cantine.

Fig. 4. Cantine « Los Carreros »

Fig. 4. Cantine « Los Carreros »

Repas servi à table.

Les limites, les espaces communs et les centralités où se déroule l’intervention alimentaire vont au-delà des espaces physiques où la nourriture est distribuée ou les familles nourries. En ce sens, la spatialité du quartier se configure à travers l’institutionnalisation de ces espaces, qui commencent par être informels et auto-organisés et qui, au fil du temps, étendent la gestion de différents capitaux politiques et sociaux, établissant des réseaux et des références d’assistance pour les habitants.

Chaque cantine du quartier est positionnée, par rapport aux autres, pour répondre aux besoins des habitants du quartier dans des extensions et des chevauchements différents. Ces espaces délimités s’ajoutent à l’idée d’une cantine ouverte à la communauté pour tout le quartier. Cependant, les responsables de la cantine interrogés ont identifié certaines zones de plus grande influence en fonction de la connaissance mutuelle entre voisins et de leurs propres trajectoires dans le quartier. L’analyse de l’espace constitué au sein du quartier et des médiations et activités quotidiennes des responsables des cantines peut être repensée à partir des enjeux de l’espace social, des asymétries du pouvoir social et de la distribution du capital tels que présentés dans les travaux de Bourdieu5 et d’autres auteurs comme une perspective relationnelle pour reconnaître et analyser ce champ déterminé en termes d’intervention alimentaire des cantines. De ce point de vue, la considération des actions des sujets sociaux, jugées raisonnables et donc raisonnées, se présente à partir d’un certain positionnement, qui surgit dans leur vie quotidienne et entre dans le cadre de ce que nous avons appelé leur spatialité au sein de l’ordre alimentaire du quartier.

Fig. 5. Affiche de l’association « Comedor Los Carreros de La Plata » publiée à l’occasion de la « Journée des enfants »

Fig. 5. Affiche de l’association « Comedor Los Carreros de La Plata » publiée à l’occasion de la « Journée des enfants »

« Viens partager un moment spécial avec nous et apporte, si tu peux, de la nourriture ou des vêtements pour enfants qui seront donnés à la cantine “Los Carreros de La Plata” […] chocolat, ballons gonflables, gourmandises, jeux, clowns, musique et plein d’autres choses […] Nous nous installons dans le quartier pour apporter de la joie aux enfants qui en ont le plus besoin. »

Ainsi, le fait d’être « en dehors » (« afuera »), « plus près » (« más cerca ») ou « au-delà » (« más allá ») des pénuries alimentaires et des habitants constitue les coordonnées essentielles de cette spatialité. On le voit, par exemple, à travers ce qui s’est passé avec les agences municipales et nationales lorsqu’elles ont essayé d’interférer dans les activités des cantines ou, encore, dans la comparaison que font les acteurs sociaux avec l’aide fournie dans d’autres espaces : « Eh bien, tu ne peux pas nourrir les gamins avec l’aide qui vient de la municipalité et c’est pourquoi tant de personnes viennent ici, de ce côté du quartier6 » (Entretien avec un référent de la cantine).

Dans les propos de cette personne interrogée : où se situe ce « là-bas » ? Ces espaces où les choses n’ont pas été bien faites, « là-bas » où on ne nourrit pas bien les enfants ou bien où l’on fait les choses en fonction d’intérêts politiques et non par solidarité :

Dans d’autres endroits, ils ont un très beau hangar, comme celui du coin, mais moi je ne sais pas ce qu’ils font, s’ils ont vraiment une cantine qui fonctionne, alors pourquoi est-ce qu’ils ont un hangar ? Comme ils font là-bas, derrière, ils donnent n’importe quoi aux gosses. De la farine avec de l’eau et rien d’autre, tu vois, dans ce cas il vaut mieux ne rien faire7 (Entretien avec un responsable de la cantine).

Dans les définitions de lieu et d’espace quotidien, nous trouvons une affirmation de la nécessité d’inclure, dans la définition de l’espace matériel de la cantine, les actions et des représentations marquant une spatialité, une configuration de la carte alimentaire du quartier. L’espace est alors présenté comme constitué par le social et constituant celui-ci, selon les termes employés par Lindón8.

Dans cette étude de cas, l’espace a été défini comme quartier et espace du quartier faisant référence à l’espace attribué aux cantines populaires et aux lieux où arrive l’aide quotidienne qui est apportée face à l’urgence alimentaire des ménages. L’autre façon de représenter cet espace et cette spatialité est également médiatisée par l’intervention de la municipalité et de l’État qui, bien que déficiente et plus éloignée de la vie quotidienne, représente également une empreinte territoriale dans les quartiers. La manière dont cette carte des cantines est représentée par le gouvernement local est une projection territoriale et spatiale du quartier. Comme nous l’avons soutenu tout au long de l’article, la spatialité de l’intervention alimentaire dans le quartier est comprise à partir des référents constituant leurs espaces, leurs demandes et leurs réseaux. Le quartier se dessine donc différemment selon les intervenants et en fonction de leurs espaces d’intermédiation en matière d’aide alimentaire. Maintenir des cantines actives est une nécessité pour maintenir cet effet sur l’espace social en répondant, en exigeant ou en résistant à l’action de l’État.

Fig. 6. Plan de La Plata identifiant les zones périphériques les plus pauvres

Fig. 6. Plan de La Plata identifiant les zones périphériques les plus pauvres

Étude de l’Université Catholique de La Plata - UCALP
http://medianews.com.ar/2019/04/14/mapa-de-la-pobreza-como-son-los-asentamientos-en-la-ciudad-de-la-plata/

En ce sens, nous pouvons affirmer qu’une cantine se trouve dans un endroit où l’aide est nécessaire car elle ne vient pas de l’État. Cela s’exprime dans l’idée d’ordre alimentaire, dans l’idée d’une cantine ouverte sur le quartier et où l’on mange bien malgré les restrictions.

Donner de la nourriture est une tâche importante ; elle confère une légitimité qui est mise à l’épreuve chaque jour en préparant la nourriture et en la donnant aux habitants du quartier. Les cantines de quartier établissent et maintiennent leur propre mode d’approvisionnement et de préparation de la nourriture et se spécialisent au sein du quartier en fonction de leurs propres histoires et trajectoires. Les manières de rester et de « faire » le quartier et la cantine sont corrélées à ces délimitations de leurs zones et à ce qu’ils savent faire de mieux – leur savoir-faire – pour se réinventer et rester sur la carte de l’ordre alimentaire. En ce sens, nous pensons que la réponse aux pénuries alimentaires des habitants n’explique qu’en partie pourquoi les cantines sont toujours en place. Le fait que les habitants du quartier aient continué à y aller, à y amener leurs enfants, que cette reconnaissance, qui cimente également les sphères d’influence au sein du quartier, ait continué à exister, complète l’explication. Ainsi, nous avons vu dans ce travail comment, avec des différences, les cantines s’étaient organisées et constituées à l’échelle du quartier en fonction de l’accès aux réseaux, aux échanges et aux contacts. Les conflits et les demandes adressées à la fois à l’État et à la sphère organisationnelle placent les responsables des cantines dans une situation de transition qui les positionne de différentes manières dans l’espace d’intermédiation du quartier. Quelles sont leurs marges de manœuvre ? Que se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas de soutien politique clair en leur faveur ? La reconstitution du sens accordé aux actions et aux pratiques de ces acteurs/actrices informel·le·s de la politique sociale alimentaire aide ainsi à comprendre comment et pourquoi les cantines font partie de la partie informelle de l’assistance alimentaire dans tout le pays.

Fig. 7. Cantine « Los Carreros »

Fig. 7. Cantine « Los Carreros »

Certains soins médicaux sont également prodigués.

Conclusions

Nous avons vu dans cet article que les cantines expriment des configurations particulières d’intervention et de mise en œuvre des politiques sociales, des formes d’interaction et de solidarité communautaire et d’organisation politique territoriale. Les cantines (soupes populaires) expriment et se constituent sur la base de la cohésion sociale et de la solidarité dans l’espace du quartier sous différentes formes d’activation politique et organisationnelle à la confluence avec les politiques sociales alimentaires et leurs effets territoriaux. La cantine communautaire est un dispositif d’intervention des politiques, des politisations (« politicidades9 »), des sociabilités et de la spatialité des quartiers. Nous pouvons considérer les cantines communautaires comme des interventions dans une situation d’anomalie alimentaire, qui, à travers la nourriture fournie, constituent un réseau de ressources matérielles et symboliques exprimant l’ordre du quartier.

Fig. 6. Affiche de l’association « Comedor Los Carreros de La Plata »

Fig. 6. Affiche de l’association « Comedor Los Carreros de La Plata »

Affiche publiée à l’occasion de la « Journée des enfants ».

Notes

1 Selon un rapport publié en décembre 2020 par l’Observatoire de la dette sociale de l’Université Catholique d’Argentine (UCA), 44,2 % des Argentins sont plongés dans la pauvreté, sous l’effet dévastateur de la pandémie de coronavirus qui a aggravé la récession qui affectait déjà l’économie. 10 % de la population vivrait dans l’indigence, c’est-à-dire dans l’impossibilité de remplir le panier alimentaire de base. Retour au texte

2 Voir Luis H. Santarsiero, Estado, organizaciones de la sociedad civil y alimentación en el contexto de la pos convertibilidad. Comedores comunitarios en un barrio del partido de La Plata, thèse de doctorat soutenue en 2017 à l’Universidad Nacional de La Plata, Facultad de Humanidades y Ciencias de la Educación. Retour au texte

3 Créée par Dardo Rocha, dessinée par l’architecte Pedro Benoit et fondée officiellement le 19 novembre 1882, la ville de La Plata est la capitale de la Province de Buenos Aires. Elle se trouve à 56 km au sud-est de la ville de Buenos Aires, capitale de l’Argentine. Lors du recensement de 2010, La Plata comptait une population de 193 144 habitants. (Note du traducteur.) Retour au texte

4 Sergio E. Visakovsky, « Futuros en el presente. Los estudios antropológicos de las situaciones de incertidumbre y esperanza », Antropología y Ciencias Sociales, 2019, pp. 6-25. https://www.academia.edu/40769308/Futuros_en_el_presente._Los_estudios_antropológicos_de_las_situaciones_de_incertidumbre_y_esperanza : « La normalidad –cualquiera fuese su forma– representa un modo necesario al cual apelan los actores para definir el mundo en el que viven y el curso de las acciones propias y ajenas. El sentido común posee un lugar crucial en la constitución de ese orden conocido como la realidad del mundo de la vida cotidiana, haciendo posible la experiencia inmediata de los acontecimientos y dándoles el carácter de evidentes. » Voir aussi Visakovsky, « Experiencias de descenso social, percepción de fronteras sociales y la identidad de clase media en la Argentina de la post-crisis », PensamientoIberoamericano, no 10, 2012, pp. 133-168. Retour au texte

5 Voir Pierre Bourdieu, El sentido práctico, Taurus/Humanidades, Madrid, 1991 / Le Sens pratique, Paris, Les Éditions de Minuit, 1980 ; « Efectos de lugar », in Pierre Bourdieu et al., La miseria del mundo, FCE, Buenos Aires, 2010 / Pierre Bourdieu (dir.), La misère du monde, Paris, Seuil, 2007. Retour au texte

6 « Bueno, eso no le podés dar de comer a los pibes con lo que viene de ayuda desde el municipio y por eso vienen muchos acá de ese lado del barrio. » Retour au texte

7 « Otros lugares, tienen un galpón muy lindo, como el de acá a la vuelta, pero yo no sé si lo hacen, si tienen realmente el comedor funcionando, entonces ¿para qué lo tienen? Como hacen allá atrás que les dan cualquier cosa a los pibes. Harina con agua y nada más, mirá, para eso no hagas nada. » Retour au texte

8 Voir Alicia Lindón, De la trama de la cotidianidad a los modos de vida urbanos: El Valle de Chalco, Colegio Mexiquense, México, 1999 ; « El constructivismo geográfico y las aproximaciones cualitativas », Revista de Geografía Norte Grande, no 37, 2007, pp. 5-21 ; Lindón, « La construcción socioespacial de la ciudad: el sujeto cuerpo y el sujeto sentimiento », Revista Latinoamericana de Estudios sobre Cuerpos, Emociones y Sociedad, no 1, 2009, pp. 6-20 et Lindón, « Invirtiendo el punto de vista: Las geografías urbanas holográficas del sujeto habitante », in Alicia Lindón et Daniel Hiernaux, Los giros de la geografía humana: Desafíos y horizontes, Anthropos Iztapalapa, Universidad Autónoma Metropolitana Barcelona, 2010. Retour au texte

9 Voir notamment : Juan Pablo Paredes et Antonio Elizalde, « Lógicas Colectivas y Nuevas Formas de Politicidad », Polis, no 28, 2011, publié le 15 janvier 2013, https://journals.openedition.org/polis/1433#quotation. Retour au texte

Illustrations

Citer cet article

Référence électronique

Luis Santarsiero, « Le (dés)ordre alimentaire et l’ordre du quartier », Motifs [En ligne], 5 | 2022, mis en ligne le 01 novembre 2022, consulté le 27 novembre 2024. URL : https://lodelpreprod.univ-rennes2.fr/blank/index.php?id=635

Auteur

Luis Santarsiero

Université Nationale de La Plata IdIHCS/FaHCE/UNLP/CONICET, Argentine

Traducteur

Lionel Souquet

Droits d'auteur

Licence Creative Commons – Attribution 4.0 International – CC BY 4.0